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  • Ed Wige

Fables affables


Le Corbeau et le Renoi

Maître Corbeau dans un pays isolé

Tenait en son bec un Emmental.

Maître Renoi par l'odeur alléché,

Lui tint à peu près ce langage :

« Hé ! Bonjour, monsieur du Corbeau

Que vous êtes riche ! Que vous me semblez beau !

Sans mentir, si votre générosité

Se rapporte à votre prospérité,

Vous êtes le phénix des hôtes de ces montagnes. »

À ces mots, le corbeau ne sent point de joie,

Et pour montrer qu’il n’a rien,

Il ouvre un large bec, et gobe son bien.

Le Renoi n'en saisit miette, et dit : « Mon bon Monsieur,

Apprenez que tout pays

Vit aux dépens de celui qui le construit :

Cette leçon vaut bien un permis sans doute. »

Le Corbeau, honteux et confus,

Jura, mais seulement jusqu’à la prochaine votation,

Qu'on ne l'y prendrait plus.

La Grenouille qui se veut faire aussi svelte que la Lebœuf

Une Grenouille vit la Leboeuf

Qui lui sembla d’une taille de guêpe.

Envieuse, avec son allure d’œuf,

Elle s’affame et se fait vomir, et s’enfile des laxatifs,

Pour égaler la belle en minceur,

Disant sur Facebook : « Regardez bien, mes followers ;

Est-ce assez ? Dites-moi ; n'y suis-je point encore ?

L — M'y voici donc ? — Point de like. — M'y voilà ?

— C’est trop la dèche. » La grosse vache

Désenfla si bien qu'elle en creva.

Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :

Tout bourgeois veut caresser les chimères des grands seigneurs,

Tout petit prince rêve d’escorts,

Et toute marquise veut avoir des likes sur ses pages.

Le Pot à trois pieds et la Cruche

Le pot à trois pieds amouraché proposa

A la cruche un voyage.

Celle-ci s'en excusa,

Disant qu'elle ferait que sage

De garder le coin du feu,

Comme lui dictèrent son père et sa mère.

- Nous vous mettrons à couvert,

Repartit le pot à trois pieds.

Si quelque matière dure autre que la mienne

Vous menace d'aventure,

Un bon uppercut du droit je décocherai,

Et du coup vous sauverai.

Cette offre persuada la belle.

Pot à trois pieds cavalier

Se met droit à ses côtés.

Mes jeunes mariés s'en allèrent à quatre pieds,

Clopin-clopant comme ils pouvaient,

L'un contre l'autre par les liens du mariage ligotés.

Mais à la moindre contrariété rencontrée,

Il lui décroche toujours plus de crochets.

Coup de poings, baffes et torgnoles deviennent son quotidien.

La cruche en souffre; elle n'eut pas fait quelques années

Que par son compagnon elle fut mise en éclats,

Nous nous associons qu'avecque nos égaux sur papier,

Mais dans nos contrées,

Le destin de ces deux pots nous est que trop familier.

Compositions librement inspirées des fables de La Fontaine.

#projet02

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